Oecuménisme - Ouverture à l'amour partagé

500 ans de la Réforme: « échanger des livres au lieu de les brûler! »

L’accolade entre le cardinal et le pasteur Fuite, une belle preuve d’œcuménisme!

Samedi 28 octobre, l’Eglise Protestante Unie de Belgique a organisé un culte solennel d’action de grâce pour commémorer le cinquième centenaire de la . Elle s’est réunie pour l’occasion – en toute amitié œcuménique – à la cathédrale de Saint-Michel et Sainte-Gudule de Bruxelles. Ce geste d’ouverture de la part de l’Eglise catholique dans notre pays, n’a pas été apprécié par tout le monde.

Ce 31 octobre, il y aura jour pour jour 500 ans que le moine augustin, Martin , a attaché ses 95 thèses sur la porte de l’église du château de Wittenberg, ce qui est considéré par les historiens comme le lancement formel de la Réforme et ce qui est commémoré partout dans le monde. L’Eglise Protestante Unie de Belgique (EPUB) s’était réunie samedi soir déjà pour un culte de commémoration et d’action de grâce dans un contexte œcuménique. Etaient en effet présents à la cérémonie, le cardinal Jozef De Kesel, le nonce apostolique en Belgique, Mgr Augustine Kasajja, le métropolite du Patriarcat œcuménique, Mgr Athénagoras, le pasteur anglican Jack McDonald de l’Eglise de la Sainte Trinité à Bruxelles et le président du Consistoire Israélite de Belgique, Philippe Markiewicz ainsi que le ministre de la Justice, Koen Geens, responsable pour les cultes dans notre pays.

Des pertubateurs

Pendant sa longue prédication, le pasteur Steven H. Fuite, président de l’EPUB, a exprimé sa gratitude pour l’hospitalité que la cathédrale de Bruxelles a montré envers les protestants « en nous confiant pour notre culte d’action de grâce ce lieu, non seulement un édifice monumental mais aussi un endroit porteur de tant d’histoires ».  En effet, la cathédrale des Saints-Michel et Gudule a été confisquée par le culte protestant pendant près d’une décennie à l’époque de la République calviniste de Bruxelles, fin du XVIe siècle. « Mais nous avions explicitement exprimé la volonté de rendre grâce ici, en guise de témoignage. Celui qui écoute bien entend chanter les cieux : ‘Ah, qu’il est bon, qu’il est agréable pour des frères d’être ensemble dans cette même demeure’« . Le cardinal De Kesel, primat de Belgique, a dit sa reconnaissance pour avoir demander de pouvoir venir à la cathédrale de Bruxelles, célébré cette commémoration.

Que ces gestes de réconciliation ne sont pas anodins, a été démontré ex contrario par le petit groupe de onze contestataires, probalement issu de la Fraternité Sacerdotale Saint Pie X qui rejette le Concile Vatican II et en particulier la déclaration Nostra Aetate que Paul VI avait promulguée jour pour jour il y a 52 ans. Dès les mots d’accueil prononcés, ils se sont agenouillés en récitant sans cesse et à haute voix le « Je vous salue, Marie » pour déranger l’assemblée. Le cardinal De Kesel et Mgr Herman Cosijns, secrétaire général de la Conférence épiscopale, sont allés les trouver pour leur demander d’arrêter, mais ils n’ont pas voulu obéir. Entre-temps, le millier de personnes présent à la cathédrale a entonné l’hymne « À toi la gloire », si populaire dans le monde protestant, en attendant que la police, calmement et professionnellement, évacuent les contestataires.

Pour mettre en exergue l’amitié œcuménique des catholiques et des protestants, la et le cardinal De Kesel se sont échangé des livres « au lieu de les brûler, comme nous l’avons fait des deux côtés auparavant », a souligné le président du synode protestant. Il avait trois livres avec lui, dans les trois langues nationales, car l’EPUB tient à sa diversité dans la foi, la culture et la langue. Le cardinal De Kesel par contre avait choisi un livre sur un pape. « Le seul pape originaire de nos régions, Adrien VI d’Utrecht, était un ami d’Erasme et convaincu que l’Eglise avait besoin d’une réforme. Dommage que son pontificat n’ait duré qu’une année« , a-t-il précisé. Le cardinal n’a pas hésité à citer l’expression ‘Ecclesia semper reformanda’, attribuée à Saint Augustin et qui était chère tant à Martin Luther qu’aux Pères du Concile Vatican II.

« Quelle est la signification de la Réforme aujourd’hui? », s’est interrogé le pasteur Fuite à la fin de sa prédication. « Peut-être celle de la redécouverte de la ‘sola gratia’, de la grâce divine: vivre du don, du cadeau, reçu gratuitement, obtenu sans aucun mérite ». Le président de l’EPUB n’a pas hésité à parler aussi de l’engagement sociétal des Eglises protestantes. « Peut-être que la signification de la Réforme est aussi la redécouverte de la compassion comme boussole pour nous guider dans un monde rempli de réfugiés, de violations des droits de l’homme, de clivages croissants entre riches et pauvres, de guerres et d’un changement climatique alarmant. En fin de compte, c’est un processus de transformation dans l’Eglise vers une société digne de vivre sous le regard de Dieu, un ‘Dieu qui se réjouit d’avoir créé l’homme’, comme nous le chante le psalmiste au Psaume 8 ».

Benoit Lannoo

 Commentaire :

La sclérose de certains esprits, appelés élégamment "perturbateurs" n'a rien à envier au radicalisme religieux qui conduit immanquablement à la division et au crime ! Martial

Billy Graham, l'apôtre de notre temps !